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Douleurs chroniques rebelles (La Lettre N°135)

Compte rendu de la séance du 13 Mai 2008 avec le Dr Philippe DIAZ

vendredi 24 octobre 2008, par webmaster

Compte rendu de la séance du 13 Mai 2008 : « Douleurs chroniques rebelles ». La séance était préparée par Nathalie GALTIER et Laurence BONNAVEAU.

Avec le Dr Philippe DIAZ (consultation de la douleur Avignon)

Nous étions une dizaine de médecins présents, ce soir là, dont 3-4 médecins du travail ! Nous avons travaillé sur 2 cas approfondis. Puis une présentation de la consultation de la douleur nous a été proposée.


Cas clinique N°1  : Femme 35 ans, mariée, 3 enfants, ancien cadre, qui n’a pas repris le travail depuis 4 ans. Congé parental après la naissance de sa 3ème fille et au décours de celui-ci, sont apparues des polyarthralgies : dans un 1er temps, douleurs des poignets liées à des kystes qui ont été opérés, puis tendinite de l’épaule gauche, puis généralisation des douleurs aux coudes, genoux, chevilles associées à une asthénie grandissante. Le diagnostic de fibromyalgie est posé il y a 2ans par le rhumatologue. Elle vient vous voir car les douleurs sont de plus en plus invalidantes, elle ne peut plus rien faire à la maison, ses déplacements sont limités et aucun traitement ne fait effet, dit-elle. Les AINS lui provoquent des épigastralgies, le TOPALGIC* des vertiges, le PROZAC* l’énerve. Elle va chez le kiné 2 fois par semaine, mais envisage d’arrêter car ça la fatigue. Elle vous amène par ailleurs un dossier « COTOREP » à remplir. 1/ Quel traitement médicamenteux et non médicamenteux proposer dans ce type de douleur chronique ? 2/ Quel accompagnement psychosocial proposez-vous ?

- Réponse des médecins présents :

Traitement médical

• Antidépresseurs de type : LAROXYL* : 5 gouttes le soir ou ATHYMIL*

• Anxiolytique de type RIVOTRIL* : 2-5 gouttes le soir

Traitement non médical :

- Cure thermale ou relaxation ou acupuncture ou homéopathie
- Accompagnement psychosocial : Il serait important de sortir la personne de la dépression et qu’elle s’investisse dans une activité soit :

* une aide familiale pourrait être utile d’où l’intérêt d’orienter la patiente vers une assistance sociale.

* activité physique

* reprise du travail, bien qu’après 4 ans d’interruption cela paraisse utopique. Mais la demande de dossier COTOREP permettra peut être d’aborder le sujet « travail ».

* Consultation psychiatre. Mais il y a un gros risque de refus. Mot d’un psychiatre : « La FIBROMYALGIE a pris la place de la spasmophilie »

Réponses de l’intervenant

→ Antidépresseurs La FIBROMYALGIE est-elle une maladie psychiatrique ? • Oui dans mon expérience : 2/3 des patientes sont des femmes battues et/ou violées dans l’enfance ou actuellement. • Oui, mais pas seulement. Il existe aussi un support neurologique où interviennent les voies de contrôle descendantes de la douleur. Les neurotransmetteurs (sérotonine et noradrénaline) sont communs à la transmission de l’influx nerveux et à la régulation de l’ « humeur ». Dans la fibromyalgie il y aurait une défaillance du circuit de la NORADRENALINE (rétrocontrôle de la douleur). Ainsi les antidépresseurs en renforçant ce circuit auraient aussi un effet antalgique. Ex : la dose efficace de l’IXEL* (antidépresseur) comme antalgique (200 mg) est le double de la dose thérapeutique (100 mg). Ex : le CYMBALTA* (duloxétine) n’a d’AMM que comme antidépresseur et pour les douleurs des neuropathies. Il a aussi un effet antalgique et l’avantage sur les autres antidépresseurs de présenter moins d’effets secondaires.

→ Antiépileptiques

* RIVOTRIL*, efficace seulement sur les troubles du sommeil et LYRICA* (Pregabaline) n’ont un effet antalgique qu’à des doses x 2/dose antidépressive * NEURONTIN* (gabapentine)

→ LEVOCARNIL (levocarnitine)

Prescription initiale hospitalière. Efficace chez 1/3 des patients après 1 ou 2 mois de traitement. N’a l’AMM que pour les neuropathies périphériques post chimiothérapie.

→ Les ANTALG IQUES

- TRAMADOL*, ZAMUDOL*, MORPHINIQUES, ont une action monoaminergique donc une action antidépressive
- OXYCONTIN* (oxycodone) est une prescription « légitime » sous forme de « contrat » avec le patient pour une durée limitée de 2-3 semaines.
- La KETAMINE nécessite une hospitalisation de 7 jours pour perfusion à la dose de 1-2 mg/kg, effets « planant » bizarres pendant la perfusion. Ne stoppe pas la douleur mais permet la reprise des activités ordinaires. Elle a un effet « retard » pendant 3 à 6 mois. Mécanisme d’action : bloque les récepteurs NMDA de la douleur. Il existe une forme orale mais avec un effet psychodysleptique Dans la thérapeutique médicamenteuse l’objectif est le minimum de médicaments.

→ Traitement non médical. : Importance de la prise en charge globale

- Cure thermale : « Barèges » dans les Pyrénées. Son effet ne serait pas du à sa proximité de Lourdes, mais à sa très bonne prise en charge psychologique.
- Association des fibromyalgiques a un effet thérapeutique
- Relaxation ; Sophrologie ; Hypnose ; Acupuncture…
- Exercice physique, kiné, balnéothérapie, activité professionnelle.

Ces techniques apportent un bien être qui ouvre des horizons au patient. Le psychologue est en général mieux accepté que le psychiatre.

Le critère de réussite ou de guérison est : Quand la douleur est acceptée et n’est plus le centre de la vie du patient, qu’il accepte « de vivre avec ».

Cas Clinique N°2 : Mme T. Mireille, 55 ans, se plaint de migraines depuis « au moins » 20 ans, mais avec augmentation de la fréquence des crises depuis quelques années et de la consommation médicamenteuse. L’interrogatoire retrouve des céphalées entre les crises, et leurs caractéristiques n’en font pas des migraines typiques. Mais elle dit n’être calmée que par le RELPAX*, qu’elle consomme 3 fois par semaine, elle associe souvent de la LAMALINE*, de l’Ibuprofène, du DIALGIREX*. Elle n’a pas supporté SEGLOR* et SIBELIUM* en traitement de fond. Actuellement, essai d’AVLOCARDYL 40*… Que peut-on proposer comme traitement non médicamenteux ? Comment la sevrer des antalgiques ?

Réponses des médecins présents :

→ Traitement médicamenteux Les médecins évoquent le cas des céphalées médicamenteuses induites.
- RELPAX* (Triptan)
- IBUPROFENE
- PARACETAMOL/DIANTALVIC*…

Se pose alors la question : • comment sevrer des antalgiques ? • hospitalisation parfois nécessaire • changer de traitement

→ Traitement non médicamenteux

Hypnose, ostéopathie, acupuncture, auriculothérapie…

Réponses de l’intervenant

Nécessité d’un interrogatoire approfondi pour évaluer toutes les composantes des céphalées.

I/ Traitement médicamenteux

-  Traitement de fond – 7 classes thérapeutiques sont utilisables dont : 1) Dihydroergotamine ex : SEGLOR* 2) Bêtabloquant ex : AVLOCARDYL* 3) Verapamil = ISOPTINE* 4) DESERNIL*, mais risque de fibroses rétropéritonéale si ≥ 6 mois 5) NOCERTONE* 6) VIDORA* 7) LAROXYL*

-  Traitement de la crise

• RELPAX* (qui est un TRIPTAN) à demi-vie courte 2 heures • TIGREAT* : triptan à demi-vie de 48 h • ALMOGRAN* triptan actif pendant 26 h

Les céphalées médicamenteuses induites  :

• le sevrage : l’hospitalisation est parfois nécessaire. Elle est vécue comme une rupture, qui permet de rompre la reconduction routinière du traitement et permet de « passer la main » à un confrère spécialiste. Permet le traitement par : KETAMINE Perfusion ou LAROXYL* Perfusion

II/ Traitement non médicamenteux
-  Le carnet du migraineux permet un auto investissement
-  Les différentes méthodes de psychothérapie

Compte rendu : Benoît DELABRUSSE relu par J. L. VIDAL
LA CONSULTATION DE LA DOULEUR DU CENTRE HOSPITALIER D’AVIGNON

Tel : 04.32.75.37.91

C’est une équipe pluridisciplinaire qui comprend  : • des médecins généralistes vacataires

• 2 anesthésistes vacataires pratiquant l’hypnose

• 4 infirmières ayant suivi une formation spécifique d’un DIU « Douleur » pendant 1 an

• 1 secrétaire

1. La consultation de la douleur

- La première consultation dure 2 heures : le patient est reçu pendant 1 heure par l’infirmière pour une évaluation de la douleur :

o Ses caractéristiques

o Son retentissement

o Son impact psychologique

o Les th

érapeutiques prises

• Puis 10 minutes de débriefing entre l’infirmière et le médecin

• Puis 45 minutes de consultation médicale (souvent conjointe avec l’infirmière)

• Rendez-vous uniquement si adressé par médecin traitant avec un courrier.

• Délai environ 1 mois.

2. Les hospitalisations

-  Pour perfusion KETAMINE ou LAROXYL*
-  Pour infiltration nerveuse tronculaire * Alcoolisation détruit le nerf * Péridurale : cortisone en cas de lombosciatalgie
-  Pose d’un cathéter péridural avec anesthésique local par pompe : CATAPRESSAN*, morphine locale, anesthésique local
-  Neurostimulateur médullaire : par péridurale pose d’une électrode reliée à un pace maker.

Indications : Sciatalgies rebelles ou dans les algies d’origine vasculaire

ce qui permet  :
- la reprise de la marche
- une meilleure cicatrisation
- et permet souvent d’éviter l’amputation

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