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SOIGNER SES PROCHES (La Lettre N°140)

Compte rendu de la séance du 9 Décembre 2008 sur le thème "Soigner ses proches" préparée par Isabelle SALA et Bernard SENET, avec la participation de Mme Michèle VERONESE (Psychologue)

samedi 28 mars 2009, par CHAIX Henriette

Compte rendu de la séance du 9 Décembre 2008 sur le thème "Soigner ses proches" préparée par Isabelle SALA et Bernard SENET, avec la participation de Mme Michèle VERONESE (Psychologue).

La séance a débuté par un jeu de rôle mettant en scène à la fin d’un repas de famille la fille médecin et son père. Ce dernier lui demande conseil sur un traitement donné par un confrère (qu’elle n’apprécie pas) et sur un résultat d’analyse qui l’inquiète beaucoup (taux de PSA élevé). A noter que la maman est décédée d’un cancer du pancréas il y a peu de temps.

La fille ne désire pas soigner son père et met des barrières d’emblée sans explication sans justification de sa position ni aucune empathie vis à vis de son père. Elle le renvoie à son médecin traitant ne voulant rien voir ni comprendre dans sa démarche. Elle semble comme étouffée, sur la défensive et même si le père insiste et lui montre combien c’est important pour lui, elle résiste et ne cède pas. Elle refuse de lui donner des conseils, ni le nom de correspondants, son médecin étant absent.

Nous avons tous trouvé cette consoeur très dure et non crédible, car chacun aurait cédé ou, du moins, aurait ponctuellement essayé de soulager le père. Il a été dit que peut être sa réaction venait de sa propre souffrance (décès de la mère), que peut être sa relation avec le père était conflictuelle depuis longtemps.

L’expert l’a vue sur la défensive car elle ne peut, peut être, pas assumer un nouveau cancer. Elle dit non mais elle reste. Elle est là, elle ne dit pas à son père : « quand même on est dans un repas de famille ce n’est pas le moment ». Elle a vu le père dans une grande détresse seul avec sa peur. Il avait besoin d’écoute, peut être d’autre chose, car lui aussi, il a perdu sa compagne et souffre certainement.

EN THEORIE : IL NE FAUT PAS SOIGNER SES PROCHES. EN PRATIQUE CE N’EST PAS SI SIMPLE !

Les organisateurs de la séance ont fait passer un questionnaire avant la réunion : 10 réponses. En voici le résultat :

- 1) Avez-vous déjà soigné occasionnellement des proches ? oui : 10/10 (Famille : 3/10, Proches 7/10)

- 2) Soins pour pathologies chroniques dans la famille : oui : 3/10, non : 7/10

- 3) Etes vous le médecin traitant

* De membres de votre famille ? oui : 3/10 non : 7/10

* de vos amis ? oui : 2/10 non : 8/10

* les deux ? oui : 2/10

* aucun ? oui : 1/10

- 4) gestes techniques (points frottis.. ;) 8/10 non

- 5) relation avec spécialiste d’un parent ?

* en tant que professionnel (courrier) Oui : 4/10

* en tant que famille Oui : 3/10

- 6) avez-vous eu des problèmes lors de soins donnés à des proches : Oui 5/10 Non 5/10

Discussion à propos du dernier item : difficulté avec respect du traitement et des examens complémentaires. Difficulté du point de vue affectif surtout si diagnostic d’une pathologie mortelle. C’est toujours plus difficile pour un parent âgé que pour un enfant et sa bobologie

On a tendance à trop en faire (examens complémentaires) ou au contraire trop banaliser, sembler ne pas prendre au sérieux (sans doute n’a-t-on pas envie qu’un être cher soit malade et puisse avoir une saleté ?). On peut confondre une demande de soins et une demande affective.

Autres difficultés listées  :
- problème du paiement pour les amis
- se laisser envahir hors du cabinet sans pouvoir maintenir le cadre nécessaire pour la pratique de son art
- et de ce fait se sentir utilisé et alors manquer de professionnalisme et d’objectivité .

D’après le vécu de certains on peut souligner que parfois l’enfant en se faisant soigner par le parent médecin, c’est un peu pour lui, retrouver son papa ou sa maman que l’on voit si peu !

Pour les parents la situation est plus délicate et plus difficile à gérer car on peut redouter une maladie grave et une issue péjorative. Pour le parent il y a certainement de la fierté que leur enfant soit médecin (un peu tenant de la vie et la mort). Dans l’esprit du parent peut être y a t-il l’idée « si je me confie à mon enfant je ne mourrais jamais »

QUE PENSER DU VECU DE L’ENFANT SOIGNANT DONT LE PARENT MEURT ?


- il faut savoir ne pas faire certains gestes comme celui d’une hystérectomie chez sa mère ou des examens gynécologique ou urologique (selon le sexe)
- savoir que il y a souvent des problèmes dans les familles de médecins.
- Il est toujours difficile de se placer vis-à-vis de ses parents. Humainement parlant on se sent toujours un peu coupable du décès d’un patient… Alors si c’est un parent !!!
- possible rejet de la famille comme étant « le mauvais objet » .
- Problème du secret médical dans la famille ou envers des amis
- On peut se sentir instrumentalisé par un proche (ex un confrère dont la sœur atteinte d’un cancer du sein demande aux spécialistes de lui adresser les comptes rendus dont il se passerait )

NOS PROCHES QUI SONT- ILS ??

Ascendants, descendants, frères et sœurs, beau frère et belle sœur… (non limitatif !)

On fait effectuer soit plus d’examens, soit moins, mais on n’a pas l’objectivité nécessaire pour faire la même médecine. On refuse parfois de voir ses proches malades, cela nous touche trop, nous ennuie.

On délègue facilement aux spécialistes pour « ne pas passer à côté ». On manque parfois d’assurance

OBJECTIFS DONNES PAR NOTRE EXPERT (en rapport avec le jeu de rôle)

- Faire respecter le cadre et fixer des limites ;
- Savoir dire non mais écouter l’angoisse, les doutes,
- Prendre en considération l’inquiétude ;
- Garder la place de fille soutenante (jeu de rôle) ;
- Donner un avis éclairé ;
- Savoir dire que pour les conseils et la consultation, c’est au cabinet que ça se passe, pas ailleurs car alors on n’est plus dans le secret médical ;
- Savoir déléguer quand on ne veut ou ne peut plus gérer mais garder un œil sur ce qui arrive ;
- Accepter les prescriptions de confrères

Autres questions posées vis-à-vis des adolescents : les problèmes de sexualité ou des parties génitales, mais également les addictions ou les problèmes psy …

S’il n’y a pas de règles ni de solutions radicales, on peut se laisser guider par ce que nous avons évoqué lors de cette soirée et ne pas oublier notre histoire avec le proche. Être clair avec lui, savoir jusqu’où on peut aller afin de rester le plus aidant et efficace pour lui et ne pas lui nuire

Ni nous nuire …

Compte rendu : Henriette CHAIX, relu par Madame VERONESE

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