lundi 17 mars 2008, par Bernard SENET
Psychose, dissociation, bipolarité : traitements médicaux et autres
Nos débats ont été animés par la présence de Philippe Bossoney, psychiatre au CHA et Jean Louis Saboye, psychologue retraité que nous remercions pour la richesse de leurs convergences et surtout de leurs quelques divergences.
Nous avons abordé ces pathologies grâce à l’exposé de cas réel et simulés.
Les psychoses se partagent en trois grands groupes :
les hallucinatoires,
les dissociatives principalement la schizophrénie
et les non dissociatives articulées autour de la paranoïa.
La psychose délirante ou hallucinatoire chronique justifie une prise en charge par un neuroleptique (le Zyprexa* semble bien adapté) et surtout un accompagnement par des structures spécialisées. Les traitements par antidépresseurs ou corticoïdes peuvent aggraver les délires. Il n’existe pas ici de dissociation le délire est le « sens interne communicable », il doit être respecté pour éviter une décompensation souvent imprévue. C’est pourquoi le travail est difficile a envisager compte tenu des modifications du comportement, des risques dans la vie relationnelle tant au niveau social que familial.
Dans les états dissociatifs il existe un éclatement de la personnalité, une rupture entre les capacités intellectuelles et affectives ce que Freud appelait la « fissure dans le cristal ». La capacité de transfert est nulle car il n’y a pas d’angoisses pouvant le déclencher et un égocentrisme important qui entraîne un cercle sans fin de la problématique. Le dépistage précoce permet la mise en place de la protection de l’individu en sachant que le processus primaire du psychotique s’enclenche avant l’âge de 10 mois par l’association « d’un moi écrasé et d’un surmoi qui survit poussé par l’inconscient » ; cette domination de l’inconscient explique en partie l’absence d’angoisse et donc d’espoir de guérison.
Dans le syndrome bipolaire l’alternance de dépression sévère et d’état maniaque entraîne souvent une surconsommation d’alcool ou de drogue. Un signe clinique classique est le virage maniaque sous antidépresseurs. A noter que les hypomanes ne sont pas des bipolaires.
La psychose paranoïde peut rester longtemps à bas bruit le sujet ayant une capacité d’autocontrôle jusqu’à sa décompensation. Elle justifie l’instauration de limites chez un patient discordant ne respectant pas les rendez-vous, intrusif, voire agressif. Le traitement par neuroleptique Tercian* ou Haldol* permet une bonne stabilisation. Il faut mettre en place les limites dans les relations et chercher un facteur favorisant notamment iatrogène, le terme de pharmaco psychose a même déjà été avancé.
Le délire est positif, il a du sens alors que l’hallucination est négative, elle n’a pas de sens elle est l’accès direct du processus primaire au niveau du conscient.
Dans les psychoses l’utilisation des antidépresseurs est souvent un facteur aggravant par exemple des délires ou générateur du virage maniaque chez les bipolaires.
L’angoisse est ignorée par le psychotique, son émergence est responsable de passages à l’acte très sévères en l’absence de contrôle. Le risque suicidaire est multiplié par cinq dans cette population ; c’est ici que subsistent les indications de sismothérapie (électrochocs).
L’anorexie mentale doit être considérée comme une prépsychose.
Aucune psychose ne peut guérir, mais les mesures de précautions doivent imposer un dépistage précoce.
Les ruptures de traitement par antipsychotiques sont responsables de décompensations sévères, ce qui impose un suivi de ces patients très organisé et le recours le plus souvent à des formes de traitements retard.