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Le point sur l’expérience de l’IVG médicamenteuse

Ma pratique des IVG médicamenteuses en ville (La Lettre N°133)

lundi 16 juin 2008, par Michel CADART

Depuis 2 ans et demi, après une période de 3 mois de vacations au Centre Hospitalier d’Avignon en gynéco obstétrique, pendant laquelle, j’ai assisté puis effectué des IVG médicamenteuses (IVGM).

J’ai ensuite passé convention avec le susdit CH pour pouvoir effectuer des IVG en ville.


Les femmes peuvent accéder aux IVGM jusqu’au terme de 49 jours d’aménorrhée. Plusieurs consultations sont nécessaires :

-  La première consultation , qui est la plus longue de toutes, permet de parler avec la femme de sa grossesse, du pourquoi elles est enceinte (défaut ou échec de contraception….), des éventuels risques infectieux, de sa position par rapport à cette grossesse, de la possibilité de la continuer (au début parler de cela est un peu difficile, mais avec le temps, il me semble que les femmes sont rassurées d’évoquer cette possibilité) tout en gardant une attitude de neutralité quand à sa décision. Lors de cette consultation, je parle également de la possibilité d’avoir un entretien avec une conseillère conjugale (obligatoire pour les mineures). Je présente les 2 possibilités d’IVG la médicamenteuse et l’instrumentale, avec les avantages et inconvénients de chacune :

* Pour l’IVGM, l’absence d’hospitalisation, la rapidité, l’absence d’anesthésie générale mais la douleur potentielle, les 3 à 5% d’échecs (avec le recours possible à la méthode par aspiration), la nécessité d’être accompagnée le jour de la prise du misoprostol pour ne pas être seule au moment de l’expulsion (difficulté psychologique et risque de malaise). Et la nécessité de recontrôler 15 jours plus tard l’efficacité de l’IVGM par ß-hcg ou échographie. Les contre indications : asthme sévère, insuffisance rénale, conditions psychologique et environnementales défavorables.

* Pour l’IVG instrumentale, le plus long délai de réalisation, la nécessité d’hospitalisation, l’anesthésie, mais une efficacité certaine. A chaque fois, nécessité de connaître le rhésus pour injecter si besoin des immunoglobulines anti D. Et parler également de la contraception future.

Je remets également le guide officiel de présentation des IVG, et une fiche plus spécifique aux IVGM. Un délai légal de 7 jours de réflexion est nécessaire

Mais il faut également avoir une datation formelle de la grossesse et la certitude qu’elle est bien intra-utérine. Il faut donc partir à la recherche d’un échographiste qui puisse faire un examen rapidement. Je fais donc une ordonnance pour une échographie de datation en vue d’une IVG en demandant de cacher l’écran (chose rarement réalisée).

Enfin la femme repart avec un programme de rendez vous pour la semaine suivante. Ce programme sera bouleversé si l’échographie montre un grossesse trop avancée ou si la femme change d’avis et décide soit de continuer sa grossesse soit d’effectuer une IVG instrumentale.

- La deuxième consultation permet à la femme de confirmer son désir de recourir à cette méthode. Je prends connaissance de l’échographie et du groupe sanguin. Outre des papiers à remplir de part et d’autre (accord de la patiente, fiche de liaison, fiche statistique), je fais une ordonnance d’antalgiques : Paracétamol, Phloroglucinol et Ibuprofene, de pilule à prendre 48 heures plus tard et éventuellement de Rhophylac® (immunoglobulines antiD). Je donne 2 ou 3 comprimés de Mifepristone (Mifegyne®) que je me procure en pharmacie et que la femme prend sur place. Le rendez vous 36 à 48 heures plus tard est confirmé. Entre temps, elle sait qu’elle peut prendre des antalgiques, qu’elle peut au bout de 24 heures commencer à saigner et que dans un certains nombre de cas elles peut même expulser.

- La troisième consultation permet de voir comment cela va, de donner 2 comprimés de misoprostol, de faire l’éventuelle injection de Rhophylac®, de redonner les conseils de prendre les antalgiques si besoin, de prendre la pilule le soir même Une prescription de ß-hcg ou d’échographie est remise. Je fait un arrêt de travail de 24 ou 48 heures et conseille de ne pas hésiter à appeler si elle en ressent le besoin. L’expulsion a en général lieu 2 à 6 heures plus tard.

- La consultation 15 jours plus tard , avec les résultats sanguin ou échographique, permet de revenir sur le vécu de la femme, de reparler de contraception. Et en cas d’échec d’orienter la femme vers le centre hospitalier.

Sur le plan financier cela est pris en charge à 70% par l’assurance maladie sous forme d’un forfait de 191.72€ comprenant les consultations et les médicaments.

Et cela est bien évidemment traité en urgence ce qui fait que le médecin traitant n’est pas impliqué.

Voila un rapide exposé de cette possibilité offerte aux femmes en demande d’IVGM.

Lancez vous cela est réellement passionnant pour nous et indispensables pour certaines femmes !

Michel CADART

P.-S.

Deux autres articles sur le même thème la Lettre de l’ESCOLETA N°133, que nous vous invitons à consulter :
- l’édito, avec un petit point historique
- le compte rendu du colloque à la Sorbonne du 8 Mars 2008 intitulé : "l’IVG "à la maison" : un choix et un progrès pour les femmes ?"

Vous pouvez également télécharger les textes réglementaires, convention et montant des forfaits en cliquant sur les icones word ci dessous :

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